Article : Lisez ceci avant d'acheter une Tudor Black Bay 58 en métal précieux

Les inconditionnels de Tudor se seront réjouis de la sortie de la Black Bay Pro lors de Watches and Wonders – non seulement parce qu'il s'agit de l'un des plus beaux modèles de l'histoire de la marque, mais aussi parce qu'elle pourrait bien voler la vedette à la Black Bay 58.

Ne vous méprenez pas, la Black Bay 58 est une montre à couper le souffle. Ces index dorés et crémeux, cette grande couronne exposée, le triangle pourpre sur la lunette noir mat... Cette montre au prix modeste a l'apparence et la taille d'une Rolex vintage mais bénéficie de la qualité de fabrication du 21e siècle.

Hélas, elle risque également de devenir l'une de ces montres dont la popularité en fait un objet aussi irritant qu'omniprésent, surgissant sur Instagram plus souvent que les photos de dos des sœurs Kardashian.

La semaine dernière, plusieurs messages sur les réseaux sociaux ont signalé que des personnes envisageaient d'échanger leur Black Bay 58 contre le nouveau modèle Pro, une GMT qui, avec ses 39 mm, fait la même taille que la Black Bay 58 et arbore le look séduisant de la très convoitée Rolex Explorer II des années 1970.

Mais pour toutes les personnes qui cherchent à se débarrasser de leur Black Bay 58 – ou de toute autre Black Bay plus ancienne, il y a quelques versions plus modestes qui se démarquent des options ordinaires. Ces trois Black Bay 58 « podium » en or, argent et bronze sont certes plus chères, mais elles sont beaucoup plus rares et se distinguent par bien plus que le simple matériau du boîtier.

Penchons-nous sur ce trio très cool de Black Bay 58 en métal précieux et sur les différences entre ces trois modèles, mais aussi avec les modèles classiques en acier inoxydable…

Une première pour Tudor

En 2016, Tudor a sorti une version de la Black Bay de première génération en bronze, de 43 mm de diamètre. Cette initiative avait suscité des interrogations, car ni Tudor ni Rolex, sa société sœur, n'avaient jamais fabriqué de montre dans ce métal.

L'entreprise a continué sur sa lancée en 2021 avec une version en bronze de la Black Bay 58, plus petite et plus moderne, bientôt suivie de versions en argent et en or jaune 18 carats qui ont remporté un vif succès. Il s'agit là aussi de premières pour Tudor, qui a déjà abandonné l'étiquette plutôt exaspérante de « Rolex du pauvre » pour se forger sa propre identité.

Le bronze l’emporte-t-il ?

Vendue à environ 4 300 €, la version bronze, la première entièrement en bronze de la marque, est la seule – y compris les versions en acier – à présenter une variation de cadran. Celui-ci présente des chiffres arabes audacieux à 3, 6 et 9 heures, plutôt que des points et des bâtons, ce qui améliore la lisibilité et apporte une touche légèrement plus contemporaine.

Comme la version bronze est la seule à être livrée sur bracelet, c'est aussi la seule du trio qui dispose du nouveau système de réglage rapide T-fit de Tudor, permettant au porteur d'ajuster la longueur du bracelet en cinq positions. Même la dernière version en acier ne dispose pas de ce système, ce qui est regrettable dans la mesure où les options d'ajustement du bracelet sont l'un des rares reproches que l'on peut faire à cette montre

Jusqu'ici, tout va bien. Certains acheteurs potentiels pourraient toutefois avoir des réserves quant à l'imprévisibilité du bronze. Tudor affirme volontiers que la couleur « évolue en fonction des habitudes de son utilisateur », ce qui signifie que la patine qui se développe sera différente pour chaque montre.

Mais en l'espace d'une semaine ou deux, votre montre n'aura plus rien à voir avec la montre scintillante que vous avez achetée neuve au magasin. Et si vous achetez une montre usagée, elle aura déjà la patine de son ou ses précédents porteurs, ce que certains apprécieront et d'autres trouveront limite dégoûtant.

Enfin, contrairement aux versions or et argent, la Black Bay 58 en bronze est dotée d'un fond uni et fermé, tout comme les modèles en acier inoxydable. C'est un peu ennuyeux, mais vous pouvez au moins la faire graver si vous le souhaitez.

L’argent attire

L'argent était couramment utilisé pour les montres de poche ouvragées d'antan, qui étaient moins sujettes aux chocs. Mais lorsque les montres-bracelets sont devenues la norme, l'argent a laissé la place à l'acier et aux métaux précieux, plus durables et plus ternes. Aujourd'hui, l'utilisation de l'argent pour les boîtiers de montres-bracelets semble étrangement anachronique. Un peu comme si vous alliez au bar du coin et qu'on vous servait de la bière dans une chope en étain.

Alors, que peut bien faire Tudor ?

En dehors du facteur nouveauté important de l'argent, il faut savoir qu'il est en fait plus brillant que l'or, avec une forte réflectivité. Il est également 30 % plus dense que l'acier, ce qui lui confère le poids satisfaisant d'une montre de luxe haut de gamme en or ou en platine, mais à bien moindre coût.

L'argent pur est trop mou et trop sensible au ternissement pour être utilisé dans la plupart des cas, en particulier pour les montres. C'est pourquoi il s'agit en général d'un alliage appelé argent sterling (92,5 % d'argent) contenant d'autres métaux. Comme la Black Bay 58 925 (son nom complet) n'est pas sortie depuis très longtemps, seul le temps nous dira si elle vieillit bien lorsqu'elle est portée régulièrement sur la peau. Tudor se veut rassurant et affirme que son alliage exclusif lui permettra de rester éclatante pendant de nombreuses années.

Sur le plan esthétique, la version argentée, qui est uniquement proposée sur un bracelet en tissu ou en cuir, présente un cadran et une lunette taupe assortis, ainsi que les mêmes index à points et à bâtons que les versions en acier et en or jaune.

Le fond du boîtier est également ouvert, une caractéristique que l'on retrouve exclusivement sur cette version et sur la version en or, et qui révèle un mouvement automatique à l'apparence assez discrète. Disponible à environ 4 100 €, elle est en fait moins chère que la version en bronze au détail, en raison de l'option bracelet uniquement, sans oublier l'irrésistible attrait d'un métal peu répandu.

La Tudor la plus luxueuse jamais conçue

La dernière, mais non la moindre, est la version en or jaune de 18 carats. Une Tudor en or ! Cela semble presque paradoxal, tant la marque Tudor est censée constituer une alternative abordable à Rolex. Pourtant, son prix de vente au détail est légèrement inférieur à 16 000 €, ce qui est supérieur à une Daytona en acier neuve.

Elle aurait coûté encore plus cher si elle avait été équipée d'un bracelet en or, mais le prix est maîtrisé grâce à un bracelet en cuir d'alligator avec une option en tissu vert et or assortie au cadran et à la lunette de couleur olive.

À part cela, il s'agit du même modèle que la version argentée, avec un fond de boîtier ouvert qui révèle le mouvement automatique interne.

Bien entendu, l'or 18 carats conserve son éclat et sa brillance comme l'argent et le bronze ne sauraient imaginer, ce qui explique son prix plus élevé. Sans oublier la satisfaction de porter la Tudor la plus luxueuse qui soit, à moins qu'un clown ne l'ait personnalisée en la recouvrant de diamants et de rubis.

Le mouvement

Animées par le MT5400 automatique maison, les trois Black Bay 58 en métal précieux ont un mouvement légèrement différent du MT5402 qui équipe la version en acier inoxydable. Mais la différence est minime.

Lorsque Tudor a décidé de doter deux des montres en métal précieux d'un fond ouvert, la marque s'est rendu compte que le mouvement devait remplir le boîtier pour des raisons esthétiques. ils ont donc repris le MT5402 et lui ont ajouté une plaque de base plus large. Comme le MT5402, il est certifié COSC et dispose de la même réserve de marche de 70 heures.

Rolex a toujours fait peu de cas des boîtiers ouverts, à l'exception d'un modèle Cellini occasionnel. C'est donc une autre façon pour Tudor de se distinguer de sa société sœur, et nous ne pouvons qu'y être favorables.

Toutefois, un rotor en métal précieux assorti au boîtier aurait pu apporter une touche intéressante si l'on veut mettre en valeur un calibre aussi austère. Peut-être faut-il y graver le motif d'une rose Tudor ? Ou quelques côtes de Genève ?

Ce n'est qu'une suggestion, Tudor, pour quand vous repensez la Black Bay 58…

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