Revue : Patek Philippe 5172G
Si vous aviez les fonds nécessaires pour acheter une Patek Philippe, laquelle choisiriez-vous ? Une Calatrava classique ? Une Grand Complication au look imposant ? La Nautilus, élégante et sportive ? Si c'était moi, ce ne serait aucun de ces modèles. Ce serait celui-ci, le 5172G, parce que je pense que c'est le meilleur Patek Philippe que vous pouvez acheter en ce moment. Voici pourquoi.
Son look
S'il y a une chose sur laquelle vous pouvez compter de la part de Patek Philippe, c'est une esthétique irréprochable. Un style superbe à vendre son âme. Tout au long d’une grande partie de l'histoire de l'horlogerie, Patek Philippe a créé des modèles de référence dont les looks se retrouvent dans de nombreuses montres d’aujourd'hui, et cela se voit vraiment. De la couronne unique pour le remontage et le réglage au luxe simple et épuré de la montre ronde, Patek Philippe a la chance de pouvoir s'attribuer le mérite de beaucoup de choses - ce qui signifie qu'elle est très douée pour obtenir une esthétique parfaite.
Le look d'une montre et votre réaction face à elle sont évidemment subjectives, mais je pense qu'il existe une certaine science que nous pouvons appliquer ici. Certaines personnes aimeront une montre simple, comme la Calatrava, et d'autres l’aimeront avec un style plus chargé, quelque part dans la gamme Grand Complication. Cela m'amène à penser que quelque chose qui se situe à mi-chemin, comme un chronographe, sera le plus apprécié par le plus grand nombre. Si vous ne me croyez pas, jetez un œil sur le look et l'ego de la Rolex Daytona.
Il est difficile de nier l'allure séduisante d'un chronographe à deux cadrans secondaires, et quand je vois Patek Philippe les décaler un peu sur les cotés - excusez-moi, c'est un moment que je dois apprécier seul, si vous le voulez bien. Et ils ne sont pas les seuls : un certain horloger allemand dont le nom rime avec Bah Bang & Bun a également joué cette carte auparavant avec le même succès.
Ce n'est pas la première montre-bracelet chronographe fabriquée par Patek Philippe, et ce ne sera certainement pas la dernière, et on pourrait vous pardonner de penser qu'à l'heure actuelle, les modèles eux-mêmes sont devenus un peu décevants, un peu ordinaires, mais ce n'est vraiment pas le cas ici. Tout d'abord, le boîtier en or blanc mesure 41 mm de diamètre et 11,45 mm d'épaisseur, une taille tout à fait moderne et tout à fait inattendue au regard de la précédente 5170 de 39 mm.
Deuxièmement, mais n’occupant certainement pas la deuxième place des podiums, il y a les détails de conception. Un lunette nette et bien lisible, entrecoupée par des attaches Art Déco à triples godrons, n'est pas seulement un choix inhabituel pour Patek Philippe, c'est aussi carrément audacieux. Ce style s'apparente davantage à celui d'une jeune entreprise prometteuse qu'à celui d'une vieille marque traditionnelle, et la montre n'en est que plus moderne. La façon dont la couronne est encastrée dans une encoche fortement plissée, la finition mate du bracelet en cuir avec sa couture contrastée et le moletage exquis des extrémités des gros poussoirs ronds, empruntés à la référence 1463 des années 50, font de cette montre l'une des plus intéressantes et des plus uniques de la marque.
Et nous n'avons pas encore parlé du cadran : resplendissant en bleu - la couleur saumon est ausi disponible maintenant - il est doté de grands chiffres lumineux et de grosses aiguilles seringues, entourés d'une véritable échelle tachymétrique. Il ne s'agit pas seulement d'une montre de sport plus proche d'une Speedmaster que d'une Calatrava - c’est aussi une montre beaucoup plus sportive que la Nautilus.
Le mouvement
La façon dont la 5172G capte votre regard est l'une des principales raisons pour lesquelles il s'agit de l'une des meilleures montres que Patek Philippe fabrique actuellement, mais ce n'est que la partie visible de l’iceberg. Là où la beauté de nombreuses montres s'arrête au look, pour la 5172G, ce n’est que le début. Je parle bien sûr du mouvement, le cœur de la montre, qui est exposé pour le plaisir de tous les passionnés.
Patek Philippe a toujours fabriqué un joli mouvement. Si vous avez été surpris par le style visuel de la montre, c'est en coulisses que les choses se passent vraiment. Et pour la 5172G, cela se produit à un niveau qui se situe assez près du sommet. Ce que je veux dire par là, c'est que si nous considérons l'un des mouvements les plus basiques de Patek Philippe, le 30-255 PS à remontage manuel, nous obtenons un affichage bien fini mais simple, et si nous considérons l'un de ses plus compliqués, le 240 Q, nous obtenons un résultat similaire.
Même si nous considérons une grande complication entièrement superposée comme le qualibre CH 29-535 PS Q, nous n'obtenons toujours que quelque chose qui ressemble fondamentalement au mouvement de la 5172G, le CH 29-535 PS. C'est parce que le chronographe est la complication la plus visuelle que l’on retrouve sur le côté du mouvement et que l’on peut réellement voir ; les autres sont cachées sur le côté du cadran.
Et nous avons ici un chronographe pas comme les autres, car non seulement l'absence de remontage automatique permet de mettre en valeur toutes les roues et tous les leviers qui le font fonctionner, mais c'est aussi le mouvement exclusif de Patek Philippe. Mais tout cela est-il vraiment important ? Étonnamment, c'était le cas avant. Patek Philippe était connu pour ses complications de montres de poche, mais avec la forte baisse des ventes de montres de poche, la marque a été obligée de fabriquer des montres-bracelets car elle - et d'ailleurs de nombreuses autres marques haut de gamme - ne pouvait pas se permettre de fabriquer des mouvements de montres-bracelets chronographes en interne.
Ce n'est qu'en 2010 que Patek Philippe a finalement décidé de fabriquer ce calibre ici même, et l'horloger suisse savait qu'il devait être spécial. Le mouvement a donc conservé l'embrayage horizontal, délaissant l'embrayage vertical moderne au profit de l'attrait visuel lié à l'ancienne méthode. Les défauts inévitables de cette ancienne technologie ont été corrigés par un profilage astucieux des dents, rendant l'activation du chronographe imperceptiblement douce.
Ensuite, comme mentionné précédemment, nous avons les sous-cadrans décalés, une différence notable par rapport au mouvement Lemania acheté par la marque dans le passé, ce qui est devenu un identifiant visuel d'un chronographe Patek Philippe. Mais le plus impressionnant est le changement instantané des minutes du chronographe, qui a nécessité tout un mécanisme supplémentaire de leviers, de ressorts et de cliquets pour s'assurer que le compteur des minutes passe d'une position à l'autre en un clin d'œil. Avec 65 heures de réserve de marche et une excellente fréquence de 28 800 vph, c'est un mouvement qui peut être porté tous les jours sans craindre qu'il soit sensible ou fragile.
Il n'y a pas grand-chose d'autre fabriqué par Patek Philippe qui soit aussi étonnant à observer derrière le fond du boîtier. À moins d'apprendre le métier d'horloger et de gravir les échelons de Patek Philippe pour atteindre le niveau de maître, aucune autre personne ne verra le mécanisme beaucoup mieux que vous et moi.
Sa valeur
La troisième raison pour laquelle je considère ce modèle comme l'un des meilleurs modèles Patek Philippe actuellement disponibles est une chose à laquelle vous ne vous attendez certainement pas : le prix. Cette montre, qui coûte environ 75 000 dollars, n'est pas bon marché. C'est une pièce très chère, mais a-t-elle un bon rapport qualité-prix ?
Si vous regardez le reste de la collection de Patek Philippe, vous verrez que la Calatrava en or blanc d'entrée de gamme s'élève à 30 000 dollars. La 5172G est deux fois et demie plus chère, mais je pense qu'il est évident que le calibre CH 29-535 PS offre beaucoup plus de choses en termes d'horlogerie. Si l'on considère que le calibre CH 29-535 PS Q, bien plus compliqué mais visuellement indistinct, coûte près de deux fois et demie plus cher que la 5172G, vous comprendrez que le chronographe est bien positionné en termes de prix.
Je parierais que, indépendamment du budget, la plupart des personnes qui achètent une Patek Philippe sans chercher à investir dans une montre de sport luxueuse veulent plutôt profiter de la célèbre maîtrise horlogère de la marque depuis des siècles. Une simple Calatrava vous en donne un avant-goût, c'est certain, et les Grandes Complications sont ce qui se rapproche le plus de l'époque glorieuse des montres de poche de Patek Philippe - mais la 5172G vous offre tellement de ces dernières avec un prix allant plutôt dans le sens des premiers modèles.
Sans oublier que cette nouvelle 5172G est en fait moins chère que le modèle de chronographe qu'elle a remplacé, le 5170G, de quelque 10 à 15 000 dollars. Patek Philippe, tout va bien ? !
Je suis sûr que vous avez déjà entendu parler de l'effet Boucles d'Or, qui consiste à trouver naturellement un juste milieu en faisant le moins de compromis possible entre les deux extrêmes. Pour moi, la Patek Philippe 5172G est le compromis « idéal », où l'on obtient le plus de gains pour une augmentation de prix aussi faible que possible. À partir de là, les gains deviennent beaucoup plus chers, pour un bénéfice supplémentaire visuellement faible. C'est vraiment un cas de rendement décroissant. Pour certains, la dépense supplémentaire pour obtenir le summum absolu en vaudra la peine ; pour d'autres, le prix inférieur des modèles plus simples sera plus acceptable, mais pour la plupart, la 5172G est vraiment la meilleure option.
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